mardi 24 novembre 2009

Attention, un festival peut en cacher un autre...


A Beyrouth, les festivals se succèdent mais ne se ressemblent pas.
Après le Beirut Film Festival que j'ai déjà évoqué le mois passé, c'est deux nouveaux festivals qui prennent la relève afin de satisfaire les cinéphiles beyrouthins.

Il y a en effet eu le Animation Film Festival, du 16 au 20 novembre, pour les amateurs de "dessins animés" sur grand écran, avec entre autres Mary et Max de Adam Elliot, Ponyo, de Hayao Miyazaki et une myriade de cours métrages animés aux styles des plus variés et aux réalisateurs divers, Français, Allemand, Libanais, Tunisiens, Egyptien, Marocain, Jordanien etc.

Nouvelle semaine, nouveau festival. Du 26 novembre au 6 décembre, c'est le "16e festival du cinéma européen" -organisé par la Délégation de la Commission européenne en collaboration avec les ambassades et les instituts culturels des États membres de l'Union européenne- qui prendra place au cinéma Metropolis Empire Sofil (lequel avait déjà accueilli le Animation Film Festival).
34 films sont programmés, plutôt récents puisque les plus anciens datent de 2005. Là encore la programmation est eclectique avec au programme des comédies, des tragédies, et notamment Un prophète de Jacques Audiard (Grand Prix du jury à Cannes 2009), Looking for Eric de Ken Loach (nominé à la Palme d'or) et Fish Tank d'Andrea Arnold (Prix du jury) ; la projection en avant-première du film du réalisateur palestinien Élia Suleiman The Time That Remains ainsi que 20 courts-métrages réalisés par les étudiants de sept écoles libanaises d'audiovisuel.

Plus de nouvelles au prochain épisode (so as to say après mon visionnage le samedi 28 novembre d'Un Prohète d'Audiard, en présence de Tahar Rahim, l'acteur principal (et plutôt pas mal) du film..

(Programme complet est disponible sur le site Internet de la Délégation de la Commission européenne: http ://www.dellbn.ec.europa.eu )

Savez-vous planter les cèdres à la mode à la mooode...




Les cèdres sont en voie de disparition au Liban.
Dommage quand on sait que c'est justement un cèdre qui orne le drapeau du "pays de l'arbre en voie de disparition"..
C'est là qu'intervient l'association Jouzour Loubnan (les racines du Liban) qui a décidé de prendre les choses en main en reboisant les régions montagneuses et arides du Liban.
Le slogan de ladite ONG: "Today we plant Tomorrow's trees".
Octobre-novembre étant LA période à laquelle il faut planter nos amis les arbres, l'association redouble de communication pour sensibiliser la population et les bénévoles désireux de renouer avec mère Nature le temps d'une journée.
C'est ce qui s'est passé dimanche passé, le 22 novembre (par ailleurs fête nationale au Liban), avec un petit départ matinal à 8h30 devant le Musée National (hopefully à 5 min de chez moi :))
3 bus emplis de gens de bonne volonté et d'humeur jardinale (si si ça existe) (ah oui et aussi de scouts du Liban pour le moins bruyants).
Arrivée une heure et demie de bus chaotique plus tard à Ehmej, charmante municipalité qui a un accord de 3 ans avec l'ONG.
C'est le président de l’association, M. Raoul Nehmé qui nous accueille sur place et nous explique (non pas le planter de baton) mais bien celui de cèdre. Cèdre qui fait 20 cm à tout casser. On est loin des beaux cèdres majestueux qui ont donné au Liban son surnom mais il faut bien un commencement à tout.
C'est parti pour les explications: bébé cèdre, pour devenir papa ou maman cèdre doit être bien planté. C'est-à-dire qu'on doit arranger le trou creusé au préalable par les gentils paysans de Ehmej, retirer le plastique qui entoure bébé cèdre, mettre bébé cèdre dans le trou, recouvrir de la terre enlevée, faire mumuse en sautant allègrement sur la terre histoire de bien la tasser . Il faut ensuite entourer bébé cèdre de grosses pierres (afin qu'il ne s'envole pas?!) et créer une sorte de rigole autour de bébé cèdre afin que si par miracle de l'eau venait à couler sur notre ami l'arbre, il puisse en bénéficier. Et ainsi de suite. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quinze fois..

Ah oui petite chose à noter: il faut veiller à ce que les arbres soient bien espacés parce que petit cèdre deviendra grand et là on fera moins les malins si on a laissé environ 20cm entre les deux plants. Cela dit comme nous l'a gentimment expliqué un paysan alors que nous lui faisions justement remarquer qu'il creusait deux trous un peu trop près l'un de l'autre: "oui enfin de toutes manières, les deux ne vont jamais pousser, l'un des deux va mourrir pour sûr". Ca c'est de l'optimisme ou je m'y connais pas!

Heureusement, l'association est plus optimiste.
Cela dit, l'histoire ne dit pas combien des 1000 cèdres plantés en 3h survivront.. à vos paris?




Pour plus d'infos, groupe facebook: Jouzour Loubnan

mercredi 18 novembre 2009

Blanche Neige au Liban..


Un tout petit message avec, pour changer, de la neige.
Juste parce que c'était pas prévu, juste parce que c'était à une petite heure de voiture de Beyrouth, vers le nord, vers la montagne, vers là où il fait froid et où on devait voir des étoiles filantes parce que la pluie de météorites "Leonid" hier soir.
Et qu'en guise d'étoiles filantes, on s'est retrouvé dans un paysage blanc. Tout blanc.
Parce que le Liban, c'est la mer mais c'est aussi les montagnes. Au Liban, on peut avoir le soleil et la neige à moins d'une heure de route de distance.
Et ça c'est quand même la classe, non?

Qui est-ce qui va aller skier cet hiver?


( photo: Georges Zouein)

lundi 16 novembre 2009

Take a walk on the wide side side -Part 2-




C'est reparti pour un tour (ou comment résumer 3h de marche en quelques lignes et sans les courbatures :))

Lors de cette marche on apprend tous pleins de choses comme je l'ai déjà dit, et entre autres que sous le sol de Beyrouth il y a des ruines. Et pas qu'un peu. Il y en a pleins!
Le problème c'est qu'il y en a tellement que tant que l'on ne tombe pas sur des ruines grecques, on peut casser!
Heureusement, il y a certaines choses qui survivent, j'ai nommé les thermes romaines. En plein Downtown Beirut. Complètement fou. Complètement beau.
Détour par l'ancien cinéma de Beyrouth qui ressemble à tout sauf à un cinéma, qui ne fonctionne plus en tant que cinéma à l'heure actuelle mais qui abrite régulièrement des expositions et autres événements culturels. En réponse à quelqu'un qui remarquait que le cinema ne devrait pas faire long feu vu l'état de délabrement dans lequel il était, le guide lui a tout de même rétorqué qu'il y avait assisté à l'intérieur à une battle géante de moonwalk il y a peu. C'est pour dire si le cinema still rocks it!

Autre escale: la mosquée de Beyrouth avec le mausolée de Rafic Hariri, apparemment créé à la hâte et du coup un brin kitsch.

Puis la place des Martyrs, puis puis puis.
Enfin le Saifi Village, très calme, très cossu, très parfait pour faire une deuxième pause dans le Walk Beirut et clore ce message :)

En tous cas une chose est sûre: Walk Beirut ça vaut le coup (ah oui et aussi je pense qu'on le fait une fois mais pas deux. ou alors l'étape suivante c'est le marathon...Un kilomètre à pied, ça uuuuse, ça uuuuse, un kilomètre à pied, ça use les souliers....

(Pour plus d'infos, c'est ici que ça se passe: http://www.bebeirut.org/walk.html)

Take a walk on the wide side -part 1-

Pour ceux qui se disent que la voiture pour faire 100 mètres, c'est sympa mais que bon, tout de même, Beyrouth, ça fait 20km² à tout casser donc sans rire, y'a quand même une infime (si ce n'est une immense) possibilité de tout faire à pied, non?

Bien vu.

C'est là qu'intervient une idée lumineuse menée à bien par un étudiant historien libanais: Walk Beirut.
Walk Beirut c'est une marche de 5h à travers Beyrouth. Départ près de A.U.B (American University of Beirut) pour finir dans le jardin Samir Kassir.

La marche regorge d'anecdotes en tous genres, la plupart historiques ou en rapport avec la guerre.
Le guide nous demande en effet de bien visualiser l'immeuble ci-dessous, qui surplombe en quelques sortes la ville, et qui fut le refuge des snipers (dont les tirs peuvent atteindre jusqu'à 4km) pendant la guerre civile de 1975.
Le guide nous arrête devant un immeuble tout nouveau tout beau qui jouxte un immeuble moins nouveau mais au charme désuet, et nous explique le problème qu'ont les propriétaires aujourd'hui. Avant, les locations étaient d'une durée improbable. A savoir facilement 40 ou 50 ans, voir plus. Ce qui explique le fait que certains propriétaires n'ont toujours pas récupéré leurs droits sur leur bien et que des locataires continuent à payer un prix dérisoire pour un loyer engagé il y a plus de 50 ans. Ce qui explique également que certains immeubles sont en quelque peu piteux état.Une autre chose qui explique l'état de délabrement de certains immeubles: leur résistance contre SOLIDERE, la Société Libanaise pour le développement et la Recontruction, société qui a pris en main la recontruction du centre-ville depuis 1993 dans un plan ambitieux ,qui n'est pas pour plaire à tous.
Si les bâtiments sont en effet rehabilités, leur charme originel n'est plus. Le centre-ville, Downtown Beirut, s'il est aujourd'hui reconstruit, n'est plus tout à fait (pour ne pas dire plus du tout) habité. Il y a peu de rues dans ce centre-ville qui sont d'époque. Toutes ont été entièrement recontruites. On se croirait dans un décors en carton-pâte, alors même que SOLIDERE a tenté de reproduire au mieux les bâtiments détruits. Dommage.

Petit arrêt lors de la marche devant ce qui s'appelle la ligne verte et qui partageait Beirut Ouest (à dominante musulmane) du côté de Hamra, et Beirut Est (à dominante chrétienne), du côté de Achrafieh lors des affrontements de 1975.

Une autre explication s'engage devant l'ancien hôtel Holiday Inn (ou ce qu'il en reste, unfortunately) construit dans les années 1975 et qui fut pris d'assaut par les snipers lors de la guerre civile. Résultat sanglant puisque c'est pas moins de 800 corps qui furent tirés des décombres une fois le combat fini.

La marche compte également un arrêt dans le vieux quartier juif, avec sa synagogue, dans un piêtre état également suite à la guerre civile. La règle qui règne est en effet que c'est aux communautés religieuses de s'occuper de la rénovation de leurs bâtiments. Le problème étant dans ce cas que la plupart des juifs ne sont jamais revenus après la guerre civile. Ils ont en effet préferé s'installer dans leur pays d'accueil. Il n'en demeure pas moins que lorsque nous sommes passés devant la (très belle) synagogue, des ouvriers d'attelaient à lui rendre son apparence originelle. Malheureusement pas de photo de cette synagogue, les policiers veillaient au grain et étant donné que nous étions les seuls êtres humains (en plus des ouvriers) à la ronde, mieux valait pour nous de nous tenir aux consignes no pictures, étant donné que non loin de là était la résidence d'un homme politique très connu.

C'est là que je vais faire comme dans la visite: une pause au bout de deux heures (ba oui, quand même, y'a une limite à notre soif d'apprendre) et je reviens dans un deuxième message tout chaud tout beau :)

J'aime les man'ouché, savez-vous comment?


Pour le coup ici c'est pas avec du beurre dedans, mais plutôt avec du jebne (fromage) ou zaatar (mélange de thym de graines de sésame, le tout allègrement arrosé d'huile d'olive).

Petit aperçu de comment mon boulanger (oui je me le suis approprié, et alors?!) de Furn el Chebback (quartier où j'habite) -dont les talents boulangers dépassent l'enceinte de mon quartier_ prépare ces fameuses man'ouché à 2000 livres libanaises qui suffisent largement à emplir la panse du plus affamé. C'est en effet pure gourmandise que de tenter d'en manger deux!

Trêve de bavardage, place aux explications et aux photos.

Mohamed mon boulanger ce héros prend donc une boulette de pâte qui repose à la base à la bienn (oui c'est très corporate comme expression) dans un sac plastique dans un bac à glace (ou tout comme). Puis ladite boulette passe dans la machine électrique (si vous suivez bien mon blog vous anticipez ce qui peut se passer lorsqu'il y a une coupure..) afin d'être applatie et de ressembler à une galette.
Ensuite (et là ça devient intéressant !), on choisi la garniture: zaatar, jebne ou lahm' (de la viande, mais dans ce cas -et là il faut suivre- ça devient un lahm'baajine et plus une man'ouché).



Bon à savoir pour les stressé(e)s des 5 fruits et légumes par jour, ici au Liban, on pense à tout. On peut demander sa man'ouché zaatar avec des légumes, aka tomates et concombre.

Ensuite direction le four. Et là ça chauffe, ça gonfle, ça cuit quoi... et 3 min plus tard, à taaaaable!

Et oui, au Liban, c'est "Que demande le peuple? Du pain, et un peu de zaatar si possible, aussi.."